Agriculture urbaine, pourquoi cet engouement?

Faire pousser des légumes et des fruits en ville n’a rien de nouveau. On cultive des plantes comestibles et on élève des animaux depuis ce jour où l’on s’est mis à organiser nos sociétés en agglomérations, il y a cela plus de 5000 ans. Alors, qu’est-ce qui explique cet engouement pour l’agriculture urbaine?

Agriculture urbaine, pourquoi cet engouement?

L’éternelle dualité entre la ville et la campagne y est pour beaucoup. La croissance des villes a graduellement creusé le fossé entre elles et le monde rural. Les terres cultivables ont cédé aux développements immobiliers et pour des raisons de santé publique, les villes ont légiféré et sorti l’agriculture de leur enceinte. Enfin, l’industrialisation de l’alimentation a facilité son accessibilité à moindre coût. Pourquoi s’éreinter à cultiver quelques carottes qu’on peut si facilement se procurer à l’épicerie?

Toutefois, depuis une quinzaine d’années, on observe un phénomène opposé et le nombre d’initiatives en agriculture urbaine a plus que doublé. Les jardins communautaires affichent complet, les organismes voués à la cause en ont plein les bras, on cartographie les actions et on ne compte plus le nombre de jardins collectifs et de jardins ethniques qui ont été mis en place récemment. Même les municipalités emboîtent le pas, en modifiant leur réglementation afin d’être plus souples, face aux besoins de leurs citoyens urbains.

Maintenant que plus de 50% de la population habite les villes, il n’est pas étonnant que ce besoin de nourrir les villes à même les villes soit en croissance. D’une certaine manière, l’alimentation suit la démographie. Du même coup, plusieurs acteurs de ce mouvement prennent conscience qu’il y a de plus en plus de monde à nourrir avec de moins en moins de terres agricoles. Les cultures vivrières urbaines deviennent nécessaires.

Dans certaines parties du monde, particulièrement touchées par l’immigration massive, c’est un besoin vital, faute de richesse. Pour combattre la pauvreté, on n’a d’autre choix que de produire soi-même ses propres aliments.

Puis l’industrie alimentaire expose plus en plus ses zones de faiblesse. Les catastrophes écologiques (les canicules, les inondations et le froid intense) influencent directement l’approvisionnement et font augmenter les prix. La sécurité alimentaire est donc un sujet chaud à l’agenda de plusieurs nations. La microagriculture de proximité, alias l’agriculture urbaine, est une solution clé à cette problématique.

Puis il y a les individus. Les citoyens de partout dans le monde ressentent un besoin pressant de renouer ce lien avec la terre, pour toutes sortes de raisons. Motivés par des enjeux écologiques, environnementaux ou politiques et parfois même spirituels, un nombre croissant d’hommes et de femmes veulent semer, sarcler et récolter à quelques mètres de leur domicile.

Dans ce contexte où l’urbanisation est loin de ralentir son expansion, l’agriculture urbaine prendra de plus en plus de place au cœur des communautés. Ceux qui comparent cet engouement au retour à la terre des années 70 sont dans l’erreur, car le phénomène de l’agriculture urbaine va bien au-delà d’un mouvement idéaliste. C’est devenu un cheminement naturel qui va s’implanter et redéfinir le paysage urbain des prochaines décennies.